Deux héroïnes dans ma semaine : Jeanette et Wadjda.
Jeanette est une petite fille anglaise qui grandit au sein d'une communauté bigote dont la mère est l'une des cheftaines. Sa voie est toute tracée : elle prêchera.
Wadjda est une petite fille saoudienne, fruit unique de l'amour de ses parents. Fille qui aurait mieux fait d'être garçon pour souder leur couple. Sa voie est tracée, elle doit respecter les codes de sa société, grandir discrètement, sagement et se marier.
Mais Jeanette et Wadjda sont des personnalités rebelles. Jeanette aime les filles et Wadjda veut un vélo. Deux choses anodines, deux choses graves.
J'ai lu "Les oranges ne sont pas les seuls fruits", j'ai vu "Wadjda" et j'ai goûté à deux oeuvres qui évoquent la condition féminine au coeur de sociétés verrouillées par des codes lourds où la religion fait loi.
Mais l'une et l'autre ne sont pas en rebellion par rapport à leurs religions, leurs envies ne leur semblent pas en contradiction avec elles. Jeanette, dans un premier temps, ne comprend pas en quoi sa préférence est incompatible avec sa foi, d'ailleurs son dieu n'est pas le problème, ce sont les hommes qui en interprètent le dogme plutôt. Wadjda, elle, va jusqu'à s'impliquer pleinement dans sa religion pour obtenir ce dont elle rêve, ce vélo. Mais dans leurs deux cas, leurs ferveurs ne leur permettent pas d'atteindre leurs idéaux. Les hommes à chaque fois brisent le château en Espagne.
Wadjda est moins seule, sa mère, elle aussi, à sa façon, en marge des autres, constitue un soutien majeur. Ce n'est pas le cas de Jeanette, qui n'a d'autre choix que l'exil.
Dans les deux cas, ce sont des figures féminines fortes qui proposent de pousser les murs, d'aller au-delà des clivages, des stéréotypes. J'aime et j'admire ce genre de personnages.
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