Chaque session de l'atelier d'écriture est divisée en deux temps : une proposition longue destinée à stimuler nos plumes et nos imaginaires et une proposition courte sur la forme avec des contraintes stylistiques. Cette semaine, nous devions reprendre un extrait de Tahar Ben Jelloun où il expose les raisons pour lesquelles il aime Naples. Raisons qui ne sont pas celles de la majorité. L'idée était d'en évoquer d'autres, d'aller au-delà des clichés et de travailler ses images...
Il fallait donc dire :"ce que j'aime à.... ce ne sont ni, ni, ni... mais ce sont...". Voici ma proposition.
Ce que j'aime dans les fêtes foraines, ce ne sont ni les manèges réservés aux intrépides, ni l'odeur sucrée des pommes d'amour et des barbes à papa, ni le regard des enfants implorant et traînant leurs parents vers les stands où l'on peut gagner de grosses peluches mais c'est regarder des adultes, partout ailleurs responsables, de leurs familles, à leur travail, s'affranchir du ridicule pour aller se cogner dans les vitres sales d'un petit labyrinthe nommé pompeusement palais des glaces, faire semblant de frémir dans un train fantôme, ce sont les têtes de proue des petits wagons qui les emmènent, avec leurs gros nez grotesques peinturlurés et leurs yeux globuleux exorbités vers une frousse simulée. C'est observer la joie se fabriquer et être surjouer à coup de néons géants, de musique boum boum diffusée trop fort à travers des amplis qui saturent, c'est s'apercevoir comme chacun s'échine, les forains haranguant les badauds hésitants d'une part, les visiteurs se gavant de sucre et de sensations de l'autre, à créer cette dimension parallèle que représente une fête foraine. C'est enfin le point de rupture sur lequel la fête semble poser en équilibre, fragile, versant dans le mauvais goût, prête à sombrer dans le glauque, toujours à l'extrême limite de basculer.
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