Elle a tout juste dix-sept ans.
Les cheveux très courts, châtains. La silhouette toute fine. Elle porte un t-shirt près du corps et un pantalon large en velours, le tout dans un camaïeu de bleus. Des petits baskets aussi.
Elle est debout devant un groupe auquel elle n'appartient pas encore. Ils font bloc face à elle et l'impressionnent. Elle se sent dévisagée, scrutée, détaillée comme si elle était un nouveau jouet. Surtout dans le regard de l'un d'entre eux, celui qui est leur chef en l'occurrence et qui affiche dix printemps de plus que les autres au compteur. Elle a peur de ne pas être à la hauteur de leurs attentes, alors qu'elle ne connaît pas la moitié d'entre eux. C'est stupide, mais c'est comme ça. Elle sait qu'elle n'emportera pas leur adhésion, elle n'a jamais su trop quel comportement adopter dans ce genre de circonstances.
Il lui posent des questions sur elle, la testent un peu. Elle ne sait pas trop quoi répondre, ou plutôt elle sait que ses réponses ne vont satisfaire personne, ni elle, ni eux, sait d'avance qu'elle trouvera la bonne répartie plus tard, bien plus tard, recroquevillée en chien de fusil au fond de son lit. Elle ne saura pas les épater alors elle essaie de les surprendre mais ignore vraiment si ça fonctionne.
"Que préfères-tu chez toi ?
- ... Mes clavicules
C'est la réponse d'une fille mal dans sa peau, d'une ado qui s'est délestée prestement et n'importe comment des kilos qui la protégeaient du reste du monde et l'étouffaient en même temps. Elle était la charnue, la ronde, la gourmande, la costaude face à une nuée de jeunes filles fluettes et de garçons moqueurs et elle n'en pouvait plus. Sa réponse se veut un peu originale et pudique en même temps. Mais c'est nul, qui (se) regarde les clavicules ? Suivent des questions plus personnelles encore, auxquelles elle ne sait pas s'il vaut mieux répondre la vérité ou tricher, quitte à passer pour une oie blanche.
J'ai envie de tendre la main à cette jeune fille, de prendre quelques minutes pour lui dire qu'il ne faut pas qu'elle s'inquiète trop, que ça va aller à peu près bien pour elle. Que surtout elle doit s'écouter, se faire confiance, ne pas trop se fier aux avis des autres, même un peu plus vieux, ils n'ont pas plus la science de la vie qu'elle... La rassurer et l'encourager. Mais me croirait-elle ?
Ce jour-là, malgré sa minceur toute neuve dont elle est bigrement fière, elle est mal dans sa peau, mal à l'aise face à l'inquisition qu'elle a l'impression de subir. Elle n'est après tout qu'une fragile adolescente.
Cette fille, c'est moi, il y a plus de dix ans. Un petit moment de rien, resté gravé là, très nettement pour d'obscures raisons seulement connues de mon inconscient. On ne peut pas refaire le chemin à l'envers. Mais l'on peut s'appliquer à croire un peu en soi et aller de l'avant au présent.
Moi qui croyais lire un copié collé ennuyant d'un léger roman à l'eau de rose...
Rédigé par : Harlocksama | 03 septembre 2012 à 21:30
Ouille, tu dis aussi quand tu n'aimes pas !!
En même temps, la vie d'une ado c'est parfois un mauvais roman léger à l'eau de rose...
Rédigé par : Lza | 03 septembre 2012 à 21:58
Autant pour moi! :)
Je ne voulais pas dire que je n'aime pas, bien au contraire.
Disons que je ne m’attendais pas à cette conclusion en lisant la moitié de ce que tu as écris.
Se dévoiler autant, c'est plutôt courageux surtout que ça se conclus par une sorte de leçon de vie.
Donc bravo!
Rédigé par : Harlocksama | 03 septembre 2012 à 22:27
ah !! Tant mieux alors... et merci beaucoup.
Rédigé par : Lza | 03 septembre 2012 à 22:35
La petite fille semble rassurée!
Alors c'est cool! :p
Au passage, ça me rappelle le temps où on pouvait débattre de sujets de ce genre via un blog car il y a des choses à en dire...
Rédigé par : Harlocksama | 03 septembre 2012 à 22:43
Oui, c'est vrai, jadis il y avait un peu plus de débat... mais ne soyons pas passéistes :)
Rédigé par : Lza | 04 septembre 2012 à 10:51