Une note trèèèèss particulière - j'ai participé ce week-end à un atelier d'écriture et je voulais partager le résultat d'un exercice réalisé. Il s'agissait de s'inspirer de la mythologie et du labyrinthe créé par Dédale et commandé par Minos pour abriter le Minotaure et de laisser courir notre imaginaire. Je choisis de me concentrer sur Dédale. Excuse my mythologie.
Dédale. D é D A L E. Me répéter en boucle les informations essentielles. Mon nom, mon âge, ma fonction : ce qui me définit dans le reste de ce vaste monde. Voilà qui peut me préserver de la folie qui me guette à ne faire que tourner ici, arpenter des allées qui paraissent toutes si affreusement parfaites et identiques. Bon sang, me voilà pris littéralement à mon propre piège. Investi d'une mission incroyable, je me suis cru assez fort pour relever le défi et m'en échapper ensuite indemne. Finalement, je n'aurais réussi que la première partie. Je l'ai fait, ce fichu labyrinthe. Mais je m'y suis perdu, au propre comme au figuré. Dédale. D é D A L E. Personne à qui parler de ma réalisation, personne avec qui partager ma méthode ni le fruit de mes réflexions, personne pour s'en extasier.
Assommé par le poids de ma tache, j'ai cru un temps qu'elle se suffirait à elle-même. Mais une fois accomplie, à quoi bon si je ne puis la partager ? Je n'avais jamais songé à cela auparavant. faut-il que je sois acculé ici, aujourd'hui, pour m'apercevoir de ce besoin organique de partage ? Je vais devenir fou, fou de solitude, fou de chagrin, fou de silence. Dédale. D é D A L E.
Se souviendra-t-on de moi ou plutôt de mon oeuvre ? Ou encore d'aucun des deux ? Et de toute manière, imaginons même un instant que mon nom, ce nom étrange que je risque de bientôt oublier, devienne une trace, soyons fous, un nom commun pour définir mon oeuvre ou celles qui s'en rapprochent, quel effet cela aura-t-il sur moi, pauvre ère coincé là jusqu'à être réduit à l'état de poussière ?
Il y a bien Icare, oui, mais si c'est mon fils, c'est un écervelé, un risque-tout et je ne cesse de percevoir de mauvaises augures quant à son avenir. Dédale. D é D ... Et puis quoi ? H ? Non, pas de H... D é D A L E. Les lettres s'effacent comme tous mes repères, d'ailleurs. Les murs, les allées, la terre sous mes pieds, tout est monstrueusement identique ici. J'ai réussi mon oeuvre, c'est beau. Beau à en crever. Mais cette absence absolue de différences va me tuer, nous tuer.
Il n'y a aucun bruit autour de moi, je n'entends que mon souffle et mes respirations successives m'obsèdent, je les trouve assourdissantes ! Je n'y avais jamais prêté attention avant. Mais là ! Je me mets en apnée jusqu'à frôler l'asphyxie, pour ne plus les entendre. Je crois qu'Icare me regarde, il s'approche de moi et me donne une claque du plat de la main. Est-ce là une manière de traiter son père ? J'éprouve encore du courroux, je n'ai pas perdu toute lucidité, c'est déjà cela. Et tiens, je respire de nouveau. Fort. Très fort. Très très fort. Mon dieu, mes dieux plutôt, c'est insupportable. Icare m'observe encore, une lueur étrange dans le regard:
"Qui es-tu, toi là ?"
C'est bien cela qu'il me demande ? Je ne sais plus vraiment, il n'y a plus de repères, tout s'estompe petit à petit. Dédale ? Est-ce vraiment cela ? Je crois que je suis définitivement perdu. Dé ?? D E ? Mais après ?? Qu'est-ce-qu'un nom si demain il n'y a plus personne pour le prononcer, se souvenir de vous ? Mon fils vient de m'oublier. S'il doit en être ainsi, je crois que je préfère devenir fou.
Dédale. D é D A L E. Me répéter en boucle les informations essentielles. Mon nom, mon âge, ma fonction : ce qui me définit dans le reste de ce vaste monde. Voilà qui peut me préserver de la folie qui me guette à ne faire que tourner ici, arpenter des allées qui paraissent toutes si affreusement parfaites et identiques. Bon sang, me voilà pris littéralement à mon propre piège. Investi d'une mission incroyable, je me suis cru assez fort pour relever le défi et m'en échapper ensuite indemne. Finalement, je n'aurais réussi que la première partie. Je l'ai fait, ce fichu labyrinthe. Mais je m'y suis perdu, au propre comme au figuré. Dédale. D é D A L E. Personne à qui parler de ma réalisation, personne avec qui partager ma méthode ni le fruit de mes réflexions, personne pour s'en extasier.
Assommé par le poids de ma tache, j'ai cru un temps qu'elle se suffirait à elle-même. Mais une fois accomplie, à quoi bon si je ne puis la partager ? Je n'avais jamais songé à cela auparavant. faut-il que je sois acculé ici, aujourd'hui, pour m'apercevoir de ce besoin organique de partage ? Je vais devenir fou, fou de solitude, fou de chagrin, fou de silence. Dédale. D é D A L E.
Se souviendra-t-on de moi ou plutôt de mon oeuvre ? Ou encore d'aucun des deux ? Et de toute manière, imaginons même un instant que mon nom, ce nom étrange que je risque de bientôt oublier, devienne une trace, soyons fous, un nom commun pour définir mon oeuvre ou celles qui s'en rapprochent, quel effet cela aura-t-il sur moi, pauvre ère coincé là jusqu'à être réduit à l'état de poussière ?
Il y a bien Icare, oui, mais si c'est mon fils, c'est un écervelé, un risque-tout et je ne cesse de percevoir de mauvaises augures quant à son avenir. Dédale. D é D ... Et puis quoi ? H ? Non, pas de H... D é D A L E. Les lettres s'effacent comme tous mes repères, d'ailleurs. Les murs, les allées, la terre sous mes pieds, tout est monstrueusement identique ici. J'ai réussi mon oeuvre, c'est beau. Beau à en crever. Mais cette absence absolue de différences va me tuer, nous tuer.
Il n'y a aucun bruit autour de moi, je n'entends que mon souffle et mes respirations successives m'obsèdent, je les trouve assourdissantes ! Je n'y avais jamais prêté attention avant. Mais là ! Je me mets en apnée jusqu'à frôler l'asphyxie, pour ne plus les entendre. Je crois qu'Icare me regarde, il s'approche de moi et me donne une claque du plat de la main. Est-ce là une manière de traiter son père ? J'éprouve encore du courroux, je n'ai pas perdu toute lucidité, c'est déjà cela. Et tiens, je respire de nouveau. Fort. Très fort. Très très fort. Mon dieu, mes dieux plutôt, c'est insupportable. Icare m'observe encore, une lueur étrange dans le regard:
"Qui es-tu, toi là ?"
C'est bien cela qu'il me demande ? Je ne sais plus vraiment, il n'y a plus de repères, tout s'estompe petit à petit. Dédale ? Est-ce vraiment cela ? Je crois que je suis définitivement perdu. Dé ?? D E ? Mais après ?? Qu'est-ce-qu'un nom si demain il n'y a plus personne pour le prononcer, se souvenir de vous ? Mon fils vient de m'oublier. S'il doit en être ainsi, je crois que je préfère devenir fou.
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