Le vin est servi dans de jolies carafes qui ressemblent à de grosses fioles de chimistes. Le breuvage dégusté est mystérieux, d'un joli jaune mordoré, et délicieux. L'atmosphère est douce, la lumière chaleureuse et intimiste. Des suspensions afffleurent au-dessus de nos têtes et diffusent leurs rayons tamisés, entourant d'un doux halo des conversations qui ne peuvent qu'être agréables dans un tel écrin. De gros bouquets d'hortensias ornent les tables et parfument l'air où flottent les voix paisibles en harmonie avec le tintement calme des couverts. La décoration est sobre et soignée. Elégante.
Le personnel est jeune, dynamique, présent mais discret. J'ai d'ailleurs plaisanté avec l'un d'eux en arrivant et s'il n'avait vraiment rien à voir avec le De Funès du Grand Restaurant, il n'était pas dénué d'humour. Il s'affairent dans un harmonieux balai, sobrement vêtus de grands tabliers blanc cassé, noué autour de leurs tailles minces.
Je suis assise avec mes amis sur une table d'hôte en bois brut et je préside en bout. C'est une soirée qui ressemble à un clap de fin mais j'ai décidé de la savourer sans la teinter de la saveur spéciale d'une dernière fois. De faire comme si je ne savais pas qu'il s'agissait d'un final. Pour en profiter sereinement, sans gravité. De toute façon, l'émotion viendra un peu plus tard, je le sais, je n'ai pas envie qu'elle m'embarasse maintenant, alors j'arrête le temps et je savoure autant le contenu de l'assiette que les caractères de mes compagnons. Leurs préoccupations rappellent parfois qu'ils quitteront deux jours plus tard l'Hexagone mais si je les écoute avec attention, j'éteinds à l'intérieur tous les voyants qui me signalent la peine que pourra me procurer leur absence.
Je savoure les mets raffinés que l'on nous présente précisément, parce que déguster est ici une affaire importante, et qui se succèdent à un rythme impeccable, chacun de mes sens entièrement tournés vers cette soirée. Une bien belle soirée.
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