A l'heure où je vous écris, rares lecteurs, la machine à laver tourne, je profite paresseusement des heures de vacances - les heures vacantes, en effet - qu'il me reste et je jette un oeil à mes marques de bronzage en étant déjà un peu triste de savoir que bientôt elles s'effaceront, comme s'estompera aussi le puissant parfum des congés.
Mais c'est ainsi et j'essaie de retenir à travers les mots, toutes les images emmagazinées, toutes les impressions, tous les sentiments. Enfin, toutes, tous... je m'enflamme... mais tout de même: l''été 2012 fut riche et je m'en voudrais de le laisser totalement filer directement dans la catégorie souvenirs.
Là-bas, loin, à 10 000 kilomètres, j'ai noirci bien des pages que je vais essayer de restranscrire ici. Ce seront donc des notes en différé, extraites, adaptées ou inspirées de mon Moleskine.
Un voyage, c'est une quantité infinie d'images puisque par essence il appelle le mouvement et la rupture avec le quotidien. Mais avant les paysages et les visages, les rencontres, les déconvenues et les jolies surprises, il y a le déplacement. Ce sas qu'est le transport, surtout quand il emporte loin et consiste, en l'occurence, en un long trajet en avion.
Des heures et des heures d'avion, surtout quand on a oublié son somnifère, sont la somme de plein de petits moments socialement étranges. C'est vrai, entassés, plongés dans l'obscurité, à picorer des plateaux composés de nourriture aux textures bizarres et aux goûts les plus neutres possibles, les yeux rivés, trop près, sur un petit écran quadrillé, nous sommes dans un état second. C'est l'occasion de quelques séances de rattrapage le moment idéal pour mater ces films qu'on a ratés et/ou qu'on aurait honte d'aller voir sur grand écran, par exemple.
A l'aller, je vis donc Radiostars, La délicatesse, l'Amour dure 3 ans.
Je passerai sur le premier qui, telle la nourriture de l'avion justement, ne m'a laissé aucun goût particulier mais que je n'ai pas eu trop de mal à digérer non plus. Ca se regarde mais je pense que je ne suis pas du tout la cible. Petit "feel good movie" destiné à séduire surtout les 12-24 ans, ce n'est pas méchant et Clovis Cornillac prouve une fois de plus qu'il n'est pas un bon acteur (Manu Payet non plus d'ailleurs, mais à la différence du premier, je ne crois pas qu'il l'ait jamais prétendu...). A sa décharge, il n'y a pas grand chose à jouer. C'est léger comme un trou d'air et ça se regarde comme le visage d'une l'hôtesse de l'air. On a envie de sortir le petit sac à vomi lors de la scène où le rappeur se tranforme en poetic lover folklo-folk dans un Mac do, mais sinon ça va.
La délicatesse... ah la délicatesse... Elle est bien présente tant et si bien qu'on a l'impression de regarder le film à distance à travers des jumelles de théâtre. Et puis ça sent trop fort l'adaptation de roman, jaurais presque aperçu en transparence les sauts de ligne et la pagination ! En visionnant ce film, je me suis dit tout du long "oui, le bouquin doit être pas mal, je comprends qu'il ait marché". Mais 1) je n'ai pas cru une seconde qu'Audrey Tautou et Pio Marmaï aient pu s'appeler Nathalie et François, c'est idiot peut-être mais ils ne sont pas des Nathalie et des François, avoir choisi la réplique physique frenchie d'Audrey Hepburn, à jamais Amélie Poulain dans l'imaginaire collectif et un beau gosse mal coiffé juste ce qu'il faut pour incarner une Nathalie et un François, je n'ai pas trouvé ça bien trouvé. Alors si Pio était là pour faire contrepoids avec (le vrai...alors que dans le film, il s'appelle Markus, pour ceux qui suivent) François Damiens (le beau vs la bête pour grossir le trait), moui... mais bon.
Et puis l'Amour dure trois ans. Je ne l'ai pas lu mais un ou deux autres de Beigbeder. L'esprit des livres est respecté (d'ailleurs le film est réalisé par l'auteur, comme dans le cas de la Délicatesse), ne me manquait que la scène où le héros sniffe un rail de coke sur le capot d'une Aston Martin devant le Baron pour que ce soit parfait ! Gaspard Proust est un Marronnier-Beigbeder parfait, horripilant, snob et parisien juste comme il faut. Joey Starr est le super pote décalé idéal même s'il donne surtout l'impression d'être là pour la déco. Et Louise Bourgoin... Ah Louise Bourgoin ! Si j'avais aimé les femmes, j'aurais cherché à la séduire, rien de moins. Autant je ne l'aimais pas trop en Miss Météo, autant à l'écran, je la trouve belle, pleine d'énergie, bref, on l'aura compris, follement séduisante. Le récit comporte quelques trouvailles aussi charmantes que son héroïne comme la mise en images de l'attente d'un rendez-vous ou comment, dans une fébrile impatience, on imagine les choses selon différents scénarios qui auront pour point commun de ne jamais se produire exactement en vrai.
Bref, parmi ces 3 films, ces 3 bulles récréatives dont on n'attend pas plus dans ce genre de moment, coincé au coeur d'un appareil volant, que de nous faire passer le temps, ma préférence très nette est allé au dernier parce que j'y ai trouvé un peu de plaisir, un peu plus que dans le plateau repas.
La critique de films dans l'avion, ça ne peut pas devenir un vrai métier ??
La prochaine fois, je parlerai vraiment du voyage, ou bien avant des livres qui m'y ont accompagnés...
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