De l'humour noir, très noir, parfois totalement absurde, à d'autres moments violent, voilà ce que propose Louis CK dans sa sitcom qu'il réalise, écrit, produit et dans laquelle il est en permanence à l'écran. Appelez-le l'homme orchestre.
Louie est une sorte de clown triste : quadra, rouquin, divorcé, bedonnant, new yorkais, chauve, il traîne une légère dépression depuis sa salle de bains jusque la scène, où il se livre à ses numéros de stand up sur fond traditionnel de mur de brique rouge.
La série alterne scènes d'un quotidien solitaire - Louie s'observe sous toutes les coutures face à son miroir, écluse ses souvenirs de jeunesse rangés dans une boîte à chaussures, mâchouille une tarte aux pommes dans un dinner du sud des USA... - avec des moments de vie où le trait est poussé à son paroxysme : Louie prend l'avion, se retrouve écrasé par son voisin obèse, écoute les commentaires d'un commandant de bord totalement fêlé et paniqué, se retrouve confronté à des fans hystériques dont un veut le tuer, offre un chaste baiser à un agent de police en guise de remerciement... et tout ça dans un court et même épisode.
Comme si le héros vivait dans une dimension parallèle où tous les tempéraments, les réactions, les traits de caractère étaient exacerbés. Parfois, le ressort comique se relâche... pour mieux frapper le téléspectateur à la saillie suivante.
C'est souvent provocateur, comme lorsque Ricky Gervais, incarnant un ami médecin à l'humour particulier, se moque de l'anatomie du héros... comme dans ce sketch où, interrompu par une spectatrice bavarde, il commence à tâcler la jeune femme avec une violence graduelle politiquement incorrecte... mais toujours mélancolique puisque, en l'occurrence, le regret de Louie à la fin de l'épisode est de n'avoir pas bu un verre avec l'insupportable ravissante.
Il faut croire qu'aussi provocant et noir que l'on soit, on agisse de la sorte pour se protéger de la rudesse de ce bas monde.
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