Un jour, j'ai recroisé un aventurier avec lequel j'avais fait partie un temps, celui de nos études, du même décor. La première fois, nous nous étions à peine connus. la seconde, un peu plus.
Il avait fait escale dans ma vie comme une bourrasque, pas bien longtemps mais avec une certaine violence, de celle qui laisse de précises réminiscences. Notre rencontre fut fugace et sans illusion. Honnête, douce, intelligente. Propre à ne laisser que de bons souvenirs.
Hier comme aujourd'hui, je n'ai jamais regardé cet interlude qu'avec tendresse.
Pourquoi surgit-il ici aujourd'hui ? Parce que ce garçon m'a écrit quelques phrases qui me trottent encore en tête et font écho à d'autres mots ou d'autres voix qui s'élèvent autour de moi.
Pour me dire au revoir, il m'avait laissé une lettre, voilà qui est romanesque, n'est-ce pas ? C'était si joliment écrit, si délicat, que ça ne pouvait que faire mouche. Parmi d'autres choses, il me disait croire que j'avais comme qualité de savoir observer, raconter avec une certaine subtilité, regarder, par ma lunette sensible, la vie.
Je me souviens surtout de cela et je crois que c'est tout ce que j'avais envie de retenir. Pourquoi ses mots à lui sont-ils restés gravés ? Il serait erroné d'y voir une raison romantique. Et croire que les paroles de ceux qui m'accompagnent au long cours comptent moins également, bien au contraire. Je crois plutôt que j'étais fière de moi, fière que ce garçon avec lequel j'avais vécu la bribe de quelque chose, retienne cela. Cela me plaisait qu'il me résume ainsi.
Il y a énormément de moments du quotidien que j'aimerais décrire comme des tableaux naturalistes, en appuyant un peu plus sur quelques nuances, en forçant le trait ou en l'allégeant, en jouant avec la palette des émotions. Et souvent, j'enrage parce qu'un instant ajouté à l'état dans lequel je me sens me donnent envie d'écrire, de retenir les minutes entre les lignes. Mais parfois sur le moment c'est impossible, ou alors la paresse me retient ou me fait bâcler l'assemblage des mots.
Aujourd'hui, quelques années après cette jolie lettre, de plus en plus je me pose et l'on me pose la question : pourquoi ne pas travailler à quelque chose d'un peu plus grand ? Essayer de vraiment raconter de petites histoires ? Pourquoi ? Mais parce que ça va me demander de l'effort, de la pugnacité, caractéristiques qui me font parfois défaut, soyons lucide. Seulement, je me rends compte qu'il faut savoir ce que l'on veut, n'est-ce-pas ?
J'ai googlé le nom de l'aventurier et, ma foi, à la lecture de sa bio, il a bien avancé. Qu'est-ce qui m'empêche encore de faire pareil... à part moi-même ?
Yes, I can (try).
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