Il y a quelques semaines, avant que l'on ne bascule en 2012, j'ai lu en anglais (nuance importante mais pas prétentieuse) The Help, la Couleur des sentiments, en français dans le texte (de l'anglais concis au français un peu mièvre). Il s'agissait du roman idéal pour ma gymnastique culturelle : je veux régulièrement lire dans la langue de Shakespeare mais en comprenant l'essentiel, cela va de soi.
L'ouvrage est très bon, je comprends qu'il soit un si grand succès, du rythme, des personnages attachants, un sujet universel : l'humanité. Je le dévorai goulûment.
Quelques jours après Noël, je traînais, désoeuvrée, chez Sephora, j'avais un bon de réduction comprenez-vous, appelez-moi pigeon si vous voulez... Je louchais sur les produits d'une marque un peu haut de gamme que je n'avais jamais osé m'acheter. Une vendeuse glissa jusqu'à moi et me convint habilement d'essayer... Je passais dix minutes à discuter avec elle de futilités absolues.
Tandis qu'elle appliquait soigneusement sur mes joues un blush vieux rose, je la regardais avec acuité. Elle et sa peau noire. Je me rappelais The Help qui racontait plutôt bien le temps où beaucoup de blancs, aux Etats-Unis, pensaient être supérieurs par une simple couleur. Je me dis que ce temps était révolu et que j'étais follement heureuse et fière de n'avoir jamais fait parti de ces gens-là.
Etre mal à l'aise face à la différence d'autrui est une chose, s'estimer meilleur en est une autre.
Ce best seller eut pour moi une bien plus profonde qualité que je ne l'aurais cru : me rappeler cela.
Je souriais doucement tandis que je passais à la caisse pour régler mon blush.