Tout est dans le titre. Pour ceux qui suivent, je pars en voyage et je mets ce blog en pause pour le moment et jusqu'à début juillet. A bientôt.
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Tout est dans le titre. Pour ceux qui suivent, je pars en voyage et je mets ce blog en pause pour le moment et jusqu'à début juillet. A bientôt.
Rédigé à 22:53 | Lien permanent | Commentaires (12)
J’ai toujours trouvé joli que le mot amour devienne féminin au pluriel. C’est un peu, pensais-je, comme un juste retour des choses. L’amour n’a pas genre sexuel propre, enfin je me plais à pencher pour cette interprétation poétique.
A l’ère de la performance à tout prix, de la consommation de masse, à l’époque où pour vendre des beignets sur la plage l’été, il faut avoir un Bac + 5, je prône l’imparfait.
Je lis ces jours-ci et de nouveau Christine Montalbetti, Nouvelles sur le sentiment amoureux : de courtes histoires qui racontent les coulisses mentales de la tête de protagonistes en rendez-vous ou lors d’une rencontre.
Il y en a une en particulier qui m’a plue. Elle s’appelle le complexe de Mosca. En quelques mots, un homme rêve de croiser une femme qu’il a brièvement rencontrée dans une soirée, l’aperçoit à un carrefour en ville mais laisse passer la chance de l’aborder.
S’ensuit une réflexion sur cet acte manqué, cette promesse de possible que l’homme n’a pas saisi.
A un moment du récit, celui pendant lequel il reconnaît son éventuelle dulcinée entrain d’attendre au passage piéton, un paragraphe nous dépeint cette femme. Une figure inexpressive, engluée dans ses pensées. Le héros est déçu par ce visage qui ne ressemble que très peu à son imaginaire, dans lequel il avait figé la jeune femme dans une mimique rieuse, alerte, vive. Il ne la trouve pas laide mais le regard involontairement voyeur qu’il lui porte révèle une femme à nu, fragile, intime avec sans doute ses cernes de fatigue et une ride soucieuse qui lui barre le front. Cela le déstabilise.
Je crois que j’aime les rides soucieuses qui barrent le front, comme j’aime les petites cicatrices et j’ai envie qu’on aime les miennes.
Nos cerveaux produisent des images où sont gommées les défauts, naïfs idéalistes. La société véhicule souvent le concept de la perfection à toute berzingue à coup de lift tenseur, de goodbye cellulite, de Q10, d’images photoshoppées, de gouttières de blanchiment, de collants ventre plat… Attention, je ne prône nullement le laisser-aller, le retour aux touffes de poils sous les bras pour nous mesdames et de celles dans les oreilles pour vous messieurs.
Je dis seulement que les imperfections sont le signe le plus criant de la vie.
Rédigé à 12:58 | Lien permanent | Commentaires (8)
L’odeur d’un drap inconnu. C’est, je crois, par ce genre de détails impalpables que nos sens perçoivent véritablement qu’ils ont quitté leur univers familier. J’imagine ce moment où je vais m’allonger pour passer cette première nuit de voyage et où reposera sur moi ce drap étranger. Le corps au repos, j’implorerai ma tête de faire se calmer la tempête qui y règnera, la faute aux claques visuelles, sonores, tactiles que j’aurai pris en quelques heures.
Vous le comprenez en lisant ces quelques lignes, que je suis pressée ? Ailleurs, j’ai écrit au sujet de ce jeune japonais qui a causé la mort violente de plusieurs de ses compatriotes. Dans un autre cyberespace, je me suis indignée que la presse fiche sur le dos, déjà courbé par le reproche des moralisateurs, des jeux vidéo et des mangas, l’alibi du tueur. J’ai trouvé le raccourci facile. Il est trop tôt pour connaître les raisons de l’acte sanguinaire qu’a commis ce jeune homme. Mais il est tellement humain de vouloir chercher un motif à l’horreur ou à l’étrange.
Les enfants, encore petits, demandent souvent pourquoi. Pourquoi la nuit, le ciel est noir ? Pourquoi les nuages se baladent ainsi dans le ciel ? Pourquoi les carottes poussent-elles sous terre ? J’en passe et des meilleures. Des pourquoi emprunts de fantaisie. Les parents maugréent et font ce qu’ils peuvent, ignorant la plupart du temps les réponses à ces questions. Les années passent et le curseur de la curiosité se déplace. Ados, les pourquoi tournent autour du sexe et des larmes. Adultes, autour de la guerre et du sang. Généralement.
Je ne fais pas mieux que les journalistes dont je parle au-dessus finalement avec ces poncifs mais je me contente de synthétiser quelques exemples. Et après tout, il y a aussi du sens à vouloir connaître le pourquoi de l’horreur.
Pourtant, pour les deux semaines qui viennent, je vais faire retomber ma curiosité en enfance. Je souhaite parvenir à me poser les questions les plus naïves, preuves cérébrales de ma capacité d’émerveillement de nouveau vivace. Je ne dis pas que je ne croiserai pas sur le chemin le triste ou le sordide. Mais je ne veux pas oublier de me demander pourquoi ce drap, il ne sent pas comme chez moi.
Rédigé à 15:39 | Lien permanent | Commentaires (4)
L’attaque n’est pas ma discipline favorite. Je cherche depuis tant de temps un début qui vaille le coup, un truc accrocheur façon slogan publicitaire mais cent fois plus intelligent et plus subtil afin de capter le lecteur et de convaincre quiconque dans l’interstice temporel d’un battement de cils que ma prose vaut le détour. Que sans attendre, il faudrait crier au génie en me lisant, invoquer les gourous de la littérature moderne afin qu’ils se penchent sur mon cas et s’enflamment à la lecture des mes paragraphes. Oui, je sais, c’est un fantasme dénué de toute humilité, c’est tout à fait ce pourquoi c’est un fantasme.
Mais rien ne vient. Je reste engluée dans des formules convenues. Des petites phrases mille fois entendues, au point d’en devenir écoeurantes et galvaudées : introduire en racontant que je tente de « me frayer un chemin dans cette horrible jungle, surmonter les obstacles de ce monde de brutes, tenir droite comme un i dans mes bottes, mordre la vie à pleines dents, remonter la pente », des choses comme ça. La succession de ces sentences ne m’inspirent que des « oui, mais ».
Oui mais, la jungle urbaine est bien plus pernicieuse qu’elle n’en a l’air, on reconnaît mal les prédateurs, idem pour les brutes qui cachent leurs sales manières sous des atours proprets. Faire le i dans mes bottes ? Oui mais seulement par grand beau temps, ma paire en daim gris ne saurait souffrir la moindre goutte de pluie. Croquer l’existence ? Quand déjà j’ai peur d’avoir mal aux dents en mangeant une pomme pas assez mûre ! Remonter la pente ? Je n’ai pas l’âme d’un compétiteur au maillot à pois.
Une jolie collection de « oui mais » pour contrecarrer les sérénades « redresse-courage » que l’on se serine et qui forment de potentielles accroches pleines d’un positivisme d’opérette. Impossible en conséquence de débuter ainsi pour raconter la moindre histoire.
Alors quoi ? Une attaque façon explosion nucléaire ? Un gloubi-boulga de mots qui vous pètent méchamment à la figure, vous atomisent et vous obligent de la sorte à rester scotché au récit ? C’est étrange, remarquez, je ne trouve pas que le plus difficile soit de conclure mais plutôt de commencer quelque chose. Je vais y réfléchir.
Rédigé à 16:27 | Lien permanent | Commentaires (8)
Je commence à m’apercevoir que je tartine ma conscience de gentille petite blogueuse de grands principes que je fais souvent vaciller ou que je contourne afin de satisfaire mes appétits personnels.
J’évoque peu des choses concrètes de ma vie mais aujourd’hui, une fois de plus certainement, je vais déroger à cette règle. Voilà : dans dix petits jours, je m’envole pour le Vietnam. Quoiqu’on en pense, cette nouvelle a le devoir d’être rendue publique pour les quelques lecteurs qui pourraient s’inquiéter d’une absence de notes prolongée (tablez sur trois semaines de silence).
A l’idée de ce voyage, j’ai la moitié de mon âge. Je suis à la fois excitée, un peu effrayée, impatiente, curieuse, pressée que mon regard et mes sens embrassent d’autres décors, de nouveaux visages.
Je vais me munir des calepins offerts par ici et tenter de retranscrire mes impressions tant que je le pourrai, dépeindre mes tableaux subjectifs d’Hanoï et de la baie d’Halong. Mon cerveau alambiqué se projette déjà, j’anticipe les fumets de la cuisine vietnamienne, les couleurs des paysages, le sourire des gens. Je ne suis pourtant pas sans savoir que même en faisant surchauffer mes méninges, la réalité déstabilisera à coup sûr la jeune femme occidentale et européenne que je suis. Je prendrai aussi quelques photographies qui n’auront l’intérêt, au vu de mon peu de talent en la matière, que d’être les points de repères de mon séjour. Je ferai, dans moins de temps que je n’en ai l’impression, défiler, à partir du dossier Vietnam 2008 dans le répertoire Images de mon ordinateur, des clichés qui seront les bouées de ma mémoire. Une maison, une personne, un temple… Un instant capturé me racontera les minutes d’avant, celles d’après et tout ce qui s’est passé au moment du déclic hors champ.
Voilà que je parle déjà de mon retour… Et si je me consacrais déjà à mon départ ? J-10 ! J’en serais presque à aller l’annoncer sur facebook !
Rédigé à 15:16 | Lien permanent | Commentaires (14)