Nous sommes au début de mai, trois lettres pour un mois plein de promesses. Seulement trois lettres pour signifier peut-être que malgré les trente-et-un jours à filer, il sera court, offrant ponts et belles heures ensoleillées comme efficace remède à la morosité accumulée pendant l'hiver.
Je suis tranquillement assise dans l'herbe, au parc, envahi par des parisiens en quête de soleil, de chaleur sur la peau, d'odeurs fleuries et champêtres, autant que champêtre puisse être une après-midi dans l'un des espaces verts de la capitale.
Le melon n'est pas encore de la fête mais le jus des tomates cerises goulûment croquées coule sur les débardeurs, les barquettes de taboulé aux raisins se vident à coups de fourchettes en plastique déterminés et les saucissons suitants fondent à vue d'oeil. Les hommes exposent leurs pectoraux ramollis sans vergogne, les femmes, pour l'occasion, portent des couleurs claires, ont ressorti une robe d'été de l'année dernière. Les plaids et couvertures aux motifs bigarrés se déplient dans la bonne humeur.
Les rumeurs de la ville, le bruit des moteurs disparaissent derrière les cris des enfants et les discussions animées. Le tableau est complet, rien ne manque. Profitons-en, nous sommes bien.