J'aime feuilleter le journal communal. Ce n'est pas que je sois particulièrement passionnée par les exploits de l'association de volley du coin, par les tribunes véhémentes du parti de l'opposition ou par les rendez-vous du conservatoire voisin, non. Ce que j'aime dans cette institution mensuelle qui m'attend dans la boîte aux lettres, c'est le soupçon de vie locale qui s'en exhale.
Tout particulièrement dans les pages de la rubrique Etat Civil.
J'aime lire les patronymes des enfants nés ces dernières semaines. Je me prête au jeu d'imaginer leurs irruptions au sein de couples différents, entre frères et soeurs plus âgés peut-être. J'entendrais presque leurs babillages dans les immeubles et les maisons avoisinants. Leurs prénoms sont l'illustration sémiologique de leurs cultures.
Entre mars et avril, une petite Rose Fall a poussé son premier cri dans les parages. Je me permets d'écrire le nom de cette enfant qui n'a encore ni facebook, ni référencement dans le moindre moteur de recherche, parce que c'est celui qui a retenu toute mon attention lors de ma dernière lecture du mensuel local. Rose Fall... Un nom des plus romanesques, loin de l'ère tecktonik.
Quelques clichés envahissent mon esprit. J'imagine une belle jeune femme à la chevelure épaisse, longue et brillante, un peu rebelle, un brin canaille, cavalière émérite, en avance sur son temps, le dix-neuvième siècle. Rose Fall... Ou encore la meneuse de revue d'un cabaret des années 20, poudrée, fardée, sûre d'elle et de son succès comme de son élégance. Peut-être une actrice américaine du milieu du siècle dernier, vedette d'un feuilleton humoristique, un peu caractérielle, aussi fragile que délicieuse. Rose Fall... Ou bien la chanteuse d'un groupe décalé, les cheveux teints en rouge, un piercing sur le visage, une dégaine improbable, un tempérament volontaire et farouche.
Mais Rose Fall n'est pour le moment qu'un nourisson du voisinage, un bébé dont le moindre gazouillis fait sans doute le délice de sa famille, dont les pleurs encore faibles doivent réveiller de jeunes parents éreintés. Rose Fall est un enfant de 2008.
Rose Fall, pourquoi pas ? C'est bizarre comme nom, mais pas laid. Elle aurait pu tomber plus mal ! (Hi hi, tomber ! non ?).
Rédigé par : Alain (Alain ?) | 15 mai 2008 à 10:19
<!--
@page { size: 8.5in 11in; margin: 0.79in }
P { margin-bottom: 0.08in }
-->
Ah ! ma chère Elsa, je constate avec une immense joie que ta vie semble tout comme la mienne ponctuée de ces merveilleux moments où le bonheur nous est tout simplement livré par la Poste en la forme de ce merveilleux magazine communal. Je n'ose te décrire la folle fébrilité qui m'envahit lorsque, après avoir ouvert ma boite aux lettres, j'y découvre à l'intérieur la présence du magazine en question. Je ne manque alors pas de bondir chez moi en avalant 4 à 4 les marches de mon escalier afin de dévorer goulûment et le plus rapidement le contenu du fascicule. Ah mes aïeux ! j'en ai la main qui tremble rien que d'évoquer ces bouillonnants souvenirs!
Ceci étant dit, je dois dire que j'ai été assez sensible à la douce et heureuse poésie émanant de ton texte.
Ton dévoué voisin.
Rédigé par : Ton voisin | 15 mai 2008 à 18:32
Cher Ton Voisin,
Je suis heureuse de savoir que tu partages le plaisir immense que l'on ressent à la lecture de notre feuille de chou communale. Par le biais de cette note, je m'étais investie d'une mission particulière : celle de faire partager au restant de l'humanité cette source d'exultation que nous avons la faveur de connaître.
Ta voisine bizarre.
Rédigé par : Lzarama | 16 mai 2008 à 13:36
[c’est top] J'aime le regard que tu portes sur le monde qui t'entoure, tu as un don inné pour faire jaillir du moindre détail - une photo, une annonce, une observation innocente - tout un bouquet de microcosmes peuplés de beauté, de réalisme et de sensibilité.Et ça avec une humilité et une pointe d'ironie qui forcent l'admiration. Je ne suis pas venu chez toi pour te flatter mais je dois t'avouer que j'aime beaucoup te lire. Prends ça comme un compliment et surtout, continue de rédiger tes petites impressions, l'humanité qui s'en dégage est revivifiante. Bonne soirée.
Rédigé par : Aurelio | 16 mai 2008 à 23:10
simplement mais sincèrement merci... Je ne comptais pas m'arrêter mais des encouragements comme le tien me donnent encore davantage envie de continuer et de partager ici...
Rédigé par : Lzarama | 16 mai 2008 à 23:39