Regardez-moi. Que voyez-vous ? Je n'obtiens, malgré le temps qui passe, jamais la réponse à cette question.
Tiens, un regard échangé. Que pensez-vous que je sois ? Qu'imaginez-vous que je fasse ? Que croyez-vous que je griffonne sur ce calepin ? Déjà vous vous en moquez, davantage préoccupé à raison par vos propres atermoiements psychiques. N'enfoncez pas ainsi la tête dans votre col, voyons ! De quoi vous donnez-vous l'air de la sorte ? Vous vous en fichez peut-être... Et maintenant, vous enfouissez la tête dans vos mains. Un poing sous le menton ensuite. Seriez-vous un descendant du célèbre penseur de Rodin ? De nouveau, votre visage recouvert de vos mains. Cette journée qui s'achève a-t-elle été si affreuse ? Quoi ? Vous jetez un oeil à mon stylo courant sur le papier. Songez-vous un court instant à mon geste ou cette attitude vous sert-elle seulement à déguiser vos réflexions ?
Votre regard erre dans le vide relatif d'une rame de métro. Qui êtes-vous ? En quoi consiste votre quotidien ? Nous reverrons-nous jamais ? Les chances sont minces, notre unique point commun se résume à nous trouver à cette heure, en ce lieu, le métro parisien, la ligne 3, un soir pluvieux de novembre en l'an 2007.
J'en sais plus sur votre voisin d'en face dont l'énorme sac de voyage porte un nom - Paul Barr-quelque chose -. Un sujet sans doute fort intéressant puisqu'il affiche son patronyme à même son baluchon. Tiens, il baîlle... Et vous vous semblez somnoler. Certes, il commence à se faire tard mais le sort de Paul ne vous réveillerait-il pas ?
Ah... Voilà mon changement, il est temps que tous les deux, je vous quitte. Alors adieu.