Après plusieurs années de bons et loyaux services, je quitte Typepad (feu Vox) pour vivre de nouvelles aventures digitales sous Wordpress : vous me retrouverez désormais sur
A très vite
Elsa
Après plusieurs années de bons et loyaux services, je quitte Typepad (feu Vox) pour vivre de nouvelles aventures digitales sous Wordpress : vous me retrouverez désormais sur
A très vite
Elsa
Rédigé à 13:57 | Lien permanent | Commentaires (1)
Youhouuu, on continue avec les titres de billets les plus "bankable" du web ! De quoi attirer une foule de lecteurs en délire, avides, curieux, assoiffés de savoir, surtout du mien. Bref, comme vous le savez peut-être, je me fiche de l'ampleur de mon audience ici (et c'est de toute manière préférable, objecterez-vous à raison).
D'ailleurs, j'ai trouvé une nouvelle définition de ma plate-forme : vous êtes ici plongés dans mes miscellanées. Tada !!!
Ca m'est venu alors que je cherchais un ouvrage de Carver qu'une lectrice m'a recommandée. Je me suis rendue à la source livresque la plus proche de mon lieu de travail : le Virgin des Champs-Elysées, au sein duquel règne une drôle d'ambiance, du type fin du monde (en tout cas, de celui de son personnel...). En Carver, il n'était pas fort pourvu : je ne trouvais que "N'en faites pas une histoire".
Un bric-à-brac littéraire, quelle merveille ! Voilà exactement ce dont j'avais besoin, je crois, pour me nourrir dans ma quête de sens et de style (et j'aime penser que je ne l'ai pas trouvé par hasard, oh écoutez s'il n'y a que ça pour me faire plaisir...). Le genre de bouquins qui va se retrouver bientôt corné, annoté, bourré de post it. Et je me suis dit qu'à ma toute petite échelle, ici, ce serait aussi mon atelier, mon labo, que je ferai des notes ce qu'elles avaient été depuis le début : mes miscellanées. Tada (bis) !
Mais ce n'est pas ici ce que je voulais vous raconter. Non. Je souhaitais présenter et retenir les réalisations de celui qui fait le buzz en ce moment sur Twitter, avec Vine.
Le compte Twitter d'Adam Goldberg
Mais siiii, Adam Goldberg, l'amoureux américain de Julie Delpy dans 2 days in Paris ! Et Vine est une application récente qui permet de réaliser des vidéos de 6 secondes maximum à partager ensuite sur Facebook et Twitter, un truc bien dans l'air du temps.
Goldberg utilise depuis quelques semaines cet outil pour créer une série de vidéos avec pour fil rouge... son épouse, sa maison, ses amis, un vieux poste de radio... et une perruque blonde !
Entre le projet Blair Witch et les bizarreries de David Lynch, Goldberg crée le buzz et s'en étonne : pourquoi un intérêt si soudain pour ses pastilles alors qu'il fait à peu près la même chose depuis longtemps mais dans un format plus classique, c'est-à-dire en 45 minutes ?
On en revient au titre de ce billet : dans le cas d'Adam Goldberg, la méthode met en lumière ses idées, la mode sert son propos. La façon dont il se sert de Vine colle à merveille avec son délire et ne fait que renforcer l'impression d'étrangeté qu'il veut créer (attention, visionner ses vidéos de 6 secondes en boucle peut troubler, surtout le soir tard, au fond de son lit) . Le bémol à souligner est la brieveté dont souffre souvent ce genre de buzz : aussi vite regardé, encensé, aussi vite oublié au profit de l'innovation suivante.
Souhaitons à Goldberg d'être plus malin que la tendance et de se servir d'elle pour nourrir un délire créatif nettement plus pérenne.
Je retourne à Carver.
Rédigé à 15:10 dans Weblogs | Lien permanent | Commentaires (0)
Balises: Adam Goldberg, Raymond Carver, Twitter, Vine
Deux héroïnes dans ma semaine : Jeanette et Wadjda.
Jeanette est une petite fille anglaise qui grandit au sein d'une communauté bigote dont la mère est l'une des cheftaines. Sa voie est toute tracée : elle prêchera.
Wadjda est une petite fille saoudienne, fruit unique de l'amour de ses parents. Fille qui aurait mieux fait d'être garçon pour souder leur couple. Sa voie est tracée, elle doit respecter les codes de sa société, grandir discrètement, sagement et se marier.
Mais Jeanette et Wadjda sont des personnalités rebelles. Jeanette aime les filles et Wadjda veut un vélo. Deux choses anodines, deux choses graves.
J'ai lu "Les oranges ne sont pas les seuls fruits", j'ai vu "Wadjda" et j'ai goûté à deux oeuvres qui évoquent la condition féminine au coeur de sociétés verrouillées par des codes lourds où la religion fait loi.
Mais l'une et l'autre ne sont pas en rebellion par rapport à leurs religions, leurs envies ne leur semblent pas en contradiction avec elles. Jeanette, dans un premier temps, ne comprend pas en quoi sa préférence est incompatible avec sa foi, d'ailleurs son dieu n'est pas le problème, ce sont les hommes qui en interprètent le dogme plutôt. Wadjda, elle, va jusqu'à s'impliquer pleinement dans sa religion pour obtenir ce dont elle rêve, ce vélo. Mais dans leurs deux cas, leurs ferveurs ne leur permettent pas d'atteindre leurs idéaux. Les hommes à chaque fois brisent le château en Espagne.
Wadjda est moins seule, sa mère, elle aussi, à sa façon, en marge des autres, constitue un soutien majeur. Ce n'est pas le cas de Jeanette, qui n'a d'autre choix que l'exil.
Dans les deux cas, ce sont des figures féminines fortes qui proposent de pousser les murs, d'aller au-delà des clivages, des stéréotypes. J'aime et j'admire ce genre de personnages.
Rédigé à 00:54 dans Actualité, Cinéma, Livres | Lien permanent | Commentaires (0)
Balises: Jeanette Winterson, les oranges ne sont pas les seuls fruits, Wadjda
A Woodstock, au Canada, un homme de 39 ans avait ce soir, encore plus que les autres soirs, envie d’oublier. Il ne s’était rien passé de grave pourtant, c’était justement ça le problème. Depuis des semaines, des mois, sa vie semblait se résumer à la somme du vide et de l’ennui profonds.
John était un employé de bureau à la carrière tranquille, très très tranquille. Il exécutait ses taches avec l’application suffisante pour que personne ne se plaigne de ses services. Il manquait cependant de l’énergie nécessaire à viser la promotion pour laquelle se battaient ses collègues. John avait une maison. Ni grande, ni petite, ni belle, ni laide. Comme sa femme, tiens. Comme sa voiture aussi. L’une venait de ruiner l’autre. La femme, la voiture, cela va s’en dire. John aimait bien conduire, comme il aimait bien tondre la pelouse le dimanche ou regarder le hockey à la télé. Comme ça, sans plus. En comparaison, il aimait davantage ses enfants. Mais il n’était pas un père très investi, ni très doué.
Ce soir-là, plutôt que de prendre le bus pour rentrer directement, il avait marché jusqu’au bar de Joe. Il avait rêvé d’être le genre d’hommes qui pénètre avec allure et conviction dans un bar. Mais il savait qu’il ne l’était pas. Même franchir la porte lui coûtait. Il resta un instant sur le seuil, le temps que son regard s’habitue aux lumières tamisées, se grattant le crâne qu’il avait chauve, se balançant d’un pied sur l’autre, lissant machinalement son col de chemise d’un doigt à l’ongle rongé. Il n’y avait presque personne et surtout personne de sa connaissance. Cela le rassura. De toute façon, John n’avait pas beaucoup d’amis, il ne sortait presque jamais. Il traversa le bar avec la grâce d’un éléphant et s’accouda au comptoir. Le barman tournait le dos, John le héla. Le barman ne l’entendit pas. Ah oui, la voix de John ne portait pas. Il commença à suer à grosses gouttes, il faisait si chaud, le maillot de corps qu’il portait sous sa chemise était trempée par la transpiration. Son blouson en nylon masquait au moins les auréoles sous les bras. Soudain, alors qu’il suait de plus en plus et que le barman ne l’entendait toujours pas, quelque chose arriva.
Six heures plus tard, John sortait du bar ou plutôt essayait, trébuchant, titubant, terminant à quatre pattes sur le parking de chez Joe. Quand il releva la tête, une femme ravissante bien qu’un peu vulgaire, était accroupie près de lui. Elle portait une mini robe en vinyle rouge que même John, homme de son état constant, saoul de son état présent, trouva de mauvais goût. Mais elle avait un minois magnifique et elle lui souriait. Ce minois lui donna la force de se redresser, de lui tendre la main, de se pencher vers elle et, sans autre forme de procès, de lui fourrer sa langue dans sa bouche. Elle ne protesta pas et étrangement, John n’en fut pas surpris. Ce qui s’était passé dans ce bar avait tout changé. Dans un murmure, elle bredouilla son prénom. John ne fut pas étonné non plus. Dans l’incapacité de se souvenir du sien, il lui glissa quelque chose du genre « à bientôt, bébé » en relâchant son étreinte. Il se concentra très fort pour marcher à peu près droit et dépasser le parking. Quelques mètres plus loin, il tomba sur une borne de taxis où restait un véhicule. Le chauffeur hésita à le charger en constatant son ébriété mais John, se dit-il, avait l’air d’un brave gars, mieux valait le ramener chez lui et puis il n’y avait aucun autre client ce soir.
Durant le trajet, John raconta au chauffeur l’incroyable événement qui s’était déroulé ce soir-là. Son récit n’était pas très cohérent et le taxi, au début, l’écoutait d’une oreille à peine. Ce brave gars, il se rappelait l’avoir croisé maintenant, il travaillait dans la même compagnie d’assurances que son beau-frère ! Un mec ordinaire usé par son boulot, sa famille, comme tant d’autres, va se saouler le soir, point barre. Mais au fur et à mesure que John déroulait le fil de son histoire, il réalisait qu’il n’était plus de ceux-là. S’il était sorti tromper l’ennui parce qu’il n’y avait pas de meilleure option, un grain de sable avait tout chamboulé.
Ils s’arrêtèrent à une station service. Si le taxi vit John s’extraire péniblement de la voiture, il ne le vit pas se diriger vers le Lavomatic. Il aurait de toute façon pensé qu’il voulait juste prendre un peu l’air, tellement il était bourré. Il ne le vit pas non plus ôter son blouson de nylon, sa chemise couverte de sueur et de taches d’alcool et le reste de ses vêtements. Il entendit par contre les rouleaux de la station de lavage se déclencher, se retourna et resta muet devant le spectacle : John nu, les bras levés, l’eau savonneuse ruisselant sur son corps potelé, criait : « Tout recommence ! ».
Rédigé à 23:46 dans Weblogs | Lien permanent | Commentaires (5)
Balises: Canada, Woodstock